Tout commence le 15 février 2021. Patrick Bruel chante « Rendez-vous dans 10 ans ». Et si l’on faisait « Rendez-vous dans 50 ans ? » Promotion EFREI 1971 / 2021, le compte est bon.
Mais quand même un petit détail pratique à régler : il faut retrouver le maximum d’anciens !
Souvenir d’une soixantaine, mais combien exactement ? Bon « il y a qu’à », et « il faut qu’on » puisque cela devient très rapidement le projet d’une équipe.
Pour retrouver le premier, facile puisque contact maintenu depuis l’école. Ensuite, Google « anciens EFREI », et un site ALUMNI apparait avec la liste des élèves par promo : nom, adresse, téléphone, email. Parfait ! Facile, on vous l’a dit ! Enfin presque facile puisque cela commence mal : ce site ALUMNI ne cite que 14 noms pour la promo 1971.
Mais c’est un début, mail initial du 15 février avec 14 adresses emails dont une s’avérera obsolète.
En fait, la première recherche Google a sélectionné un site Alumni qui n’est pas le bon (sans doute une version de travail temporaire). La découverte du vrai site Alumni permet de passer rapidement à une liste de 60 diplômés.
Oui 60, un de trop car il intègre un nom qui n’évoque rien pour tous les anciens déjà retrouvés. Et effectivement c’est une erreur. Finalement ce sera 59 diplômés.

50 h après le début des recherches, belle progression
27 adresses email techniquement correctes (mais seulement une petite moitié des 59 anciens à retrouver)
Et déjà (ou seulement ?) 13 signes de vie (via simple accusé de lecture et/ou réponse mail plus explicite)
Mais des premières réponses assez positives sur l’idée de nouveaux échanges.
Premiers éléments aussi pour raconter chacun nos « 50 ans ».
Toutefois :
- Pour 22 autres anciens un numéro de téléphone à tenter ! Un peu de temps et de courage nécessaires. Appels qui en grande majorité auront pour réponse « votre appel ne peut aboutir, ce numéro n’est pas attribué ». Mauvaise pioche.
- Pour 6 autres anciens, pas de téléphone indiqué mais recherche à tenter sur adresse postale ! Adresses souvent obsolètes comme nous le verrons par la suite.
- Restent 5 noms sur 60 avec très peu d’infos. Ni adresse, ni téléphone, c’est mal parti ! Perte définitive de contact ? Mission impossible ?
Il faut se rendre à l’évidence : collectivement, nous nous sommes largement fait oublier par l’association des anciens.
Les choses se compliquent donc un peu, mais l’équipe des fins limiers se constitue. C’est un travail d’équipe. Équipe qui avec les indices donnés par bon nombre d’entre vous (« Je me rappelle que… » , « Il parlait de… »,« Il partait le WE vers…, » etc.) va faire un travail d’enquête digne de la DGSE comme l’un d’entre vous l’a écrit. L’EFREI mène à tout ! Le soir du 4e jour (19 février), mise en ligne d’un site internet pour mieux partager nos informations (la partie « Photos et nous racontons » du site actuel).

Une semaine après, une certaine stagnation
Pas de progression côté des adresses email techniquement valables : seulement 26 (une était obsolète).
Faible progression des signes de vie : seulement 16 au total ! dont de simples accusés de réception pour certains, il peut s’agir d’automatismes sans réelle lecture du message, le doute est permis.
Presque tous les destinataires répondront plus tard, mais nous ne le savons pas encore !

Sont-ils tous décédés ?
Même si l’idée est désagréable, nous devons être réalistes et imaginer que les non réponses peuvent parfois s’expliquer par des décès.
Nous évoquons entre nous le décès des 2 copains pendant la période d’étude, celui de 2 autres connus par notre groupe de désormais « une quinzaine de retrouvés ».
Et l’équipe s’organise pour identifier toutes les pistes décès : fichier INSEE (ou équivalent sur des sites tels que Politologue.fr) : quand même des recherches sur 35 ans ! rapprochement sur les noms / prénoms, vraisemblance année de naissance, comparaison lieu de décès et dernière adresse connue. Parfois le doute est permis, il faut connaitre la date exacte de naissance pour « quasi » confirmer. Mais c’est une donnée confidentielle que l’équipe Alumni ne peut diffuser. Nous en saurons quand même assez pour comptabiliser progressivement 7 (+2) décès avec une grande probabilité.
Avec parfois des émotions : un décès vraisemblable, même nom, même prénom, même année et même jour de naissance, mais petite différence sur le mois : est-ce une erreur de saisie dans l’un des fichiers, ou 2 personnes différentes ? Contact de la mairie de la petite ville du décès (décès à l’hôpital régional, mais personne pas connue) qui renvoie sur la petite ville du lieu de naissance. Contact avec la « garde champêtre » (oui, cela existe encore) qui mène son enquête : la personne décédée était instituteur, donc n’a sans doute pas fait des études d’ingénieur selon elle. Exact, elle a raison, rien à voir, tant mieux pour notre ancien qui, lui, va bien, comme nous l’apprendrons plus tard.
Mais le fichier INSEE n’enregistre que les décès en France. La perspicacité des limiers, avec un peu de chance, permettra de trouver l’un des nôtres dans un acte de décès aux USA. Le total définitif sera donc 8+2.

8e jour et 2e semaine
Malgré cette petite stagnation, l’équipe ne se décourage pas. Nombreux mails de relance vers tous (désolé de vous avoir harcelés ). En plus du site Alumni, consultation de l’annuaire dit « Japiot », des annuaires papier de l’école, 199x et le dernier en 2012.
Bref très forte activité en 24h, et c’est reparti : 30 emails valides techniquement. 26 contacts établis entre nous (la moitié du chemin, mais nous ne le savons pas encore).

1er mars : 15 jours de recherches
Mise en ligne du site actuel qui permet d’accéder au site initial, mais qui ajoutera progressivement les fonctions forums, carte géographique, questionnaires, notre époque, etc.
Objectif : une communication plus directe entre tous à votre disposition.
34 dans la liste des emails, des pistes en cours, mais encore une liste de 15 noms sans réelle information
Poursuite avec les indices donnés par les uns et les autres, large utilisation de Google sur nos noms, prénoms et indices obtenus. Utilisation aussi de Facebook, Copains d’avant, Trombinoscope, etc.
Tout cela peut conduire dans une galerie d’art parisienne, chez le nouvel occupant de la maison d’un ancien qui a déménagé depuis longtemps (et inconnu du nouveau propriétaire), dans les documents officiels des sociétés (registre du commerce et autres), chez l’ancien employeur, sur une liste écologiste des municipales 2020, au club de théâtre, au club de randonnées, conseillers municipaux, parti politique, etc. Nous varions les plaisirs !

13 mars : 4 semaines depuis le début.
Désormais sur 59 diplômés : 40 contacts établis, 7 anciens nous ont quittés, 12 recherches encore en cours avec de bons espoirs pour certaines.
C’est le moment de sortir l’artillerie lourde pour retrouver les derniers
- La piste liste électorale : si vous ne le saviez pas, il est tout à fait possible et légal d’avoir accès aux listes électorales des diverses communes (même si certaines préfectures sont un peu tatillonnes, et il faut patience et persévérance). La présence comme électeur sur la commune étant confirmée, les recherches continuent sur cette piste.
- La piste « bouteille à la mer », en version moderne, l’envoi d’emails vers une quinzaine d’opérateurs français avec diverses combinaison nom/prénom ou l’inverse, initiale, collés ou séparés par des points, etc. Sans doute plus de 2000 emails ainsi envoyés. Avec quelques messages de l’opérateur émetteur sur les limites dans les envois de messages, et quelques classements de messages en SPAM (ce qui n’était pas totalement faux).
Environ 90% des adresses reviennent comme « inconnues ». Quelques messages « Je ne suis pas la personne recherchée », mais quand même UN message « C’est moi », UN ancien retrouvé par ce moyen, c’était donc utile !
Avec une variante italienne pour un ancien qui partait parfois en Italie, donc même moulinette vers une quinzaine d’opérateurs italiens. Nous verrons ensuite que son email est « original », aucune chance de le trouver par cette méthode. - Les appels systématiques de tous les noms (peu importe le prénom) figurant sur les pages blanches ou 118 similaires, en espérant trouver un parent qui indiquera la bonne piste. Et bien sûr des réactions charmantes : « Je ne le connais pas, mais c’est bien ce que vous faites », « Vraiment désolé, je ne connais pas mais dans telle ville il y a… ». Et c’est parti pour de nouveaux appels.
Mais aussi des réactions moins charmantes : « Bonjour, je vous app… », tiens il a raccroché !
Le plus souvent, un téléphone qui sonne, sonne… ou une messagerie avec des répondeurs classiques ou plus originaux « Inutile de laisser un message, je ne rappellerai pas » Et parfois le bonheur « Oui, c’est mon père », « Oui, c’est mon frère ».

24 mars
46 contacts, 5 anciens encore recherchés et 8 anciens diplômés décédés.
- Mais pendant cette période artillerie lourde, quelques éclairs de certains. « Je me rappelle qu’il était de … », « je confirme, il habitait à … », et le recherche repart vers ce lieu : mairie, clubs, associations…
- Et quelques astuces comme « Adresse postale connue et téléphone qui sonne, sonne… Pages blanches et appel à la voisine qui se déplace téléphone à la main. »

Pour finir de vous convaincre que tout cela est un long fleuve tranquille
Voici les détails de la recherche concernant 4 anciens parmi les derniers retrouvés.

Dinosaure O : un bon exemple du long fleuve tranquille
Avec les « fins limiers », nous le cherchions depuis plus d’un mois :
- Recherches dans le département de la dernière adresse de l’annuaire EFREI ;
- Appel vers quelques voisins ; sans succès ;
- Messages vers les homonymes. Courrier postal… réponses négatives ;
- Internet : envois internet très nombreux ;
- Appels vers la dernière entreprise en France… ;
- Appel vers un homonyme à l’étranger - pas de la même famille…
Au début, on pensait l’avoir trouvé rapidement puisqu’un homonyme (ou lui-même ?) était présent sur « copains d’avant » à une adresse en région parisienne. Nous avions déposé un message sur « copains d’avant », contacté des homonymes, lancé des « bouteilles à la mer », rien n’y faisait !
Ensuite utilisation des moteurs de recherche autre que Google. Ainsi Qwant, TOR, Firefox, etc… ont permis de découvrir d’autres homonymes situés en régions.
Le fin limier raconte la fin de l’histoire :
Retour sur une info de base : la toute première adresse du dinosaure, sans doute la ville de ses parents. Et j’ai interrogé Copains d’Avant sur le nom de famille et le lycée de la ville en question. Là, deux prénoms féminins se sont affichés, dont l’un indiquait une naissance en 1945. J’ai supposé qu’elle pourrait être une sœur aînée. J’ai donc cherché à retrouver cette personne sous le nom marital qui figurait en clair, mais aucun des moteurs traditionnels ne m’a éclairé.
J’ai donc ensuite utilisé le site Généanet. Et là j’ai trouvé la date de son mariage, et le nom de ses parents. La date du décès du père était mentionnée, mais pas celui de la mère. J’ai donc à nouveau interrogé le net sur le nom de la maman.
Très vite est apparu le faire part qui mentionnait le lieu et la date du décès. Cette information validait l’un des homonymes en région. Il a été alors facile d’entrer en contact avec la famille du dinosaure G qui a parfaitement compris ma demande. Le dinosaure O m’a rappelé le lendemain, tout à fait d’accord pour être de la fête. Bref, une démarche toute simple, n’est-ce pas !

Dinosaure G : facile, il suffit d’appeler les voisins, encore faut-il les trouver, qu’ils répondent et qu’ils soient sympas !
Recherches du numéro de téléphone à partir de l’annuaire : berniques ! Puis appels vers des voisins de la dernière adresse connue … Décroché et après explication de la démarche, le voisin sympa retrouve et accepte de communiquer le numéro de téléphone du "recherché". Quelques minutes plus tard, le perdu de vue répond au téléphone.

Dinosaure D : Le champ s’élargit, c’est Interpol ! recherche internationale
Recherches sur le nom par les annuaires (avec 2n , 1 n , 1 c , 2c …)
Recherches dans les départements du Sud-Est ou ce nom est fréquent. Coups de téléphone vers tous les homonymes des annuaires : « Ce n’est pas le bon, bon courage pour votre recherche … »
Contact avec l’association présidée par notre ancien, enfin son homonyme ! mauvaise pioche.
Mails Internet France et étranger
Recherches avec les listes électorales ; certaines listes ne reviennent pas (Confinement, télétravail)
Recherche de toutes les naissances en France avec ce nom pour éventuelles pistes via les enfants.
Nouveaux appels répétés sur les numéros qui ne décrochent pas. Puis un soir à la 3e tentative sur un numéro : "c’est mon père ! "
Comble d’ironie : après cette recherche internationale (et notre ancien habite bien à l’étranger), c’est un appel téléphonique à quelques pas de l’école actuelle qui a permis de le retrouver !

Dinosaure P : Enquête très localisée, et trouvé bien loin ! rien à voir !
Après les pistes classiques, Information-confirmation de la présence dans une commune il y a une dizaine d’années.
Appel des homonymes dans le secteur, puis dans le département, puis le département voisin… sans succès.
Demande de liste électorale qui ne revient pas (télétravail, confinement). Une préfecture particulièrement pointilleuse.
Tentative de contact du trésorier du club de foot, puis d’un ancien élu (ancien maire de la petite ville mentionnée), qui renvoie sur un ancien très aimable et serviable qui donne quelques infos. Il connait l’épouse de P. qui a un frère qui a écrit un livre qui pourrait être une piste. Beau jeu de piste ! Il connait aussi d’autres anciens qui pourraient connaitre les coordonnées de P. Il a rappelé un quart d’heure plus tard pour donner son numéro !
Finalement P. retrouvé à des centaines de km du lieu de recherche, bien loin du village ciblé !

10 avril : Bingo ! Carton plein !
Contact avec le 51e ancien, quelques mots sont écrits face aux 61 noms, la recherche est terminée.
Alors vous voyez, confirmation, c’était effectivement simple à faire puisque tous ensemble, nous avons réussi à le faire en seulement 54 jours.
Merci à vous tous pour vos contributions. Et pour certains, vous pouvez encore contribuer en ajoutant photo ou quelques infos sur vos 50 ans sans nous.
Merci aussi au téléphone, à internet et à toutes les informations en ligne. Sans eux, nous aurions eu un peu plus de difficultés. Imaginez-vous faire la même démarche en 1967 pour retrouver les anciens de 1947, voire les anciens de 1936 puisque « EFREI Paris since 1936 »
Réussi tous ensemble, enfin presque, puisque quelques rares anciens ont choisi de rester sur le bord du chemin. Selon la formule déjà utilisée, c’est un choix tout à fait respectable que donc nous respectons.
Toi qui lis ceci, si tu es l’un de ces anciens, n’oublie pas qu’il pas trop tard pour nous rejoindre, et que tu restes le bienvenu. Tu as sur ce site une cinquantaine d’adresses email pour établir le contact avec qui tu veux.
À bientôt peut-être …